Forme 18 – Mouvement 13 : Yù nǚ chuān suō – La fille de jade lance la navette 玉女穿梭

Ce mouvement est présent dans plusieurs formes du style Chén, à mains nues (forme courte en 18 pas, forme longue Yī lù, forme « poings canons » èr lù ou « pào chuí ») et avec armes (lance -Qiāng) . Il existe plusieurs versions de la légende de la fille (ou la nièce, voire l’assistante et la messagère) de…


Ce mouvement est présent dans plusieurs formes du style Chén, à mains nues (forme courte en 18 pas, forme longue Yī lù, forme « poings canons » èr lù ou « pào chuí ») et avec armes (lance -Qiāng) .

Il existe plusieurs versions de la légende de la fille (ou la nièce, voire l’assistante et la messagère) de Yù huáng 玉皇 l’empereur de jade lui-même figure de la déité chinoise taoïste.

Lié au Ciel et à la souveraineté, l’empereur de jade régit les autres dieux, gouverne le Ciel et la bureaucratie céleste. Il est représenté sous les traits d’un empereur assis sur son trône, avec une coiffe d’où pendent des rangées de perles qui lui cachent presque le visage. Il incarne non seulement l’autorité suprême mais aussi l’essence harmonieuse de l’univers.

Le mot « jade » a été ajouté pour invoquer le côté pur et éternel de cette pierre très précieuse en Chine dont les vertus devinrent celles de cette divinité. Les taoïstes pensaient qu’en absorber pouvait conférer l’immortalité. Par sa beauté, le jade est l’emblème de la perfection, de la plupart des qualités morales (bienveillance, générosité, sincérité…) et de la voie de la vertu.

A noter que dans l’œuvre du 16ème siècle, Pérégrinations vers l’ouest, L’Empereur de Jade est dépeint comme un personnage magnifique et sérieux, mais aussi comme quelqu’un d’assez incompétent, coupé des réalités du pays, qui ne gouverne et ne saisit le monde que par l’entremise de ses conseillers. C’est ainsi qu’il désigne un singe comme gardien des pêches miraculeuses.

Quelles que soient les versions de ce conte du folklore chinois, il y a un symbolisme universel du tissage, du métier à tisser et des instruments servant à filer ou à tisser (fuseau, navette) : ils servent à désigner tout ce qui commande ou intervient dans notre destin. Symbole de la maîtrise des destinées humaines dans de nombreuses cultures, le tissage crée de nouvelles formes, crée sa propre immortalité.

La sagesse taoïste évoque quant à elle « le va-et-vient de la navette, sur le métier à tisser cosmique » à propos de à l’alternance continuelle des deux états de vie et de mort à laquelle sont soumis tous les êtres.

Dans le mouvement de la forme du Tàijí quán Style Chén, il y a une alternance du yīn et du yáng mobilisée dans une technique brève, simple en apparence, et explosive. Le geste demande une grande dextérité et une grande précision, à la façon du trajet de la navette qui passe entre les fils de l’étoffe que l’on tisse.

Il nécessite de mobiliser l’intention martiale sur toute la durée, ainsi que de maintenir le calme et l’équilibre malgré la mobilisation de l’énergie explosive.

Il est caractérisé par un premier temps de préparation comportant une fermeture qui précède une émission de force en ouverture. Les pas sont à la fois agiles et ancrés, mais l’entrejambe (裆 dāng) reste solide. Pour réussir ce mouvement, il faut accorder le haut et le bas du corps, grâce au maintien de la connexion interne. L’alternance yīn-yáng dans ce mouvement est essentielle pour se regrouper, emmagasiner l’énergie avant de la faire sortir.

Selon Catherine Despeux, ce mouvement est associé à l’hexagramme nommé Li (離), “Le Feu” ou “Ce qui s’attache”

Hexagramme 30 du Yi Jing

composé d’un trait vide au milieu (yin) et de deux traits pleins (yang). Dans ce mouvement, il faut conserver la lucidité avec un esprit prêt à réagir avec clarté et discernement.

Il y a également l’image de l’hexagramme xùn du vent, car c’est un mouvement qui doit être exécuté à la rapidité du vent.

Hexagramme 57 du Yi Jing

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