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六封四闭 liù fēng sì bì – Six verrouillages et quatre fermetures

六封四闭 liù fēng sì bì « Six verrouillages et quatre fermetures » est l’un des mouvements fondamentaux du Taiji quan style Chen, qui combine notamment des techniques de blocage (cǎi 採), de […]


六封四闭 liù fēng sì bì « Six verrouillages et quatre fermetures » est l’un des mouvements fondamentaux du Taiji quan style Chen, qui combine notamment des techniques de blocage (cǎi 採), de tirer vers l’arrière (lǚ 捋), d’appuyer vers le bas (àn 按). Son nom est une énigme intéressante à (tenter de) déchiffrer, même s’il n’a pas une importance centrale pour la pratique.

La place de ce mouvement dans l’enchaînement et l’entraînement est fondamentale : il est répété 6 fois dans la forme longue lǎo jià yī lù, avant le dān biān (dans le style Chen selon Me Chen Zhenglei, une exception pour le dernier dān biān – 6ème section – dont le mouvement précédent n’est pas identifié clairement comme un liù fēng sì bì mais comme une transition). Il fait donc partie des mouvements essentiels, du point de vue qualitatif tout comme quantitatif, de l’apprentissage du Taiji Quan style Chen.

Si le nom 六封四闭 liù fēng sì bì – Six verrouillages et quatre fermetures semble provenir du contenu de techniques martiales, avec une intention globale de fermeture et de contrôle des membres de l’adversaire (verrouillage), il fait l’objet de nombreux questionnements.

Principes pour l’exécution du mouvement

  • Il est effectué dans une posture latérale large (弓步 Gōng bù, l’une des positions de base du taichi chuan et des arts martiaux chinois, avec le poids réparti à 70%/30% entre les deux côtés du corps, permettant une position d’attaque) et se termine sur une posture de pas vide (虚步 Xū bù, position de contre-attaque ou de défense)
  • La main gauche rejoint la main droite en haut à droite, elles descendent ensemble en tirant vers l’arrière gauche (lǚ 捋, pendant lequel peut s’exprimer la force de bloquer cǎi 採 jin), pendant le transfert du centre de gravité vers la gauche, et terminent en poussant vers le bas (àn 按) dans une position pas vide Xū bù du côté droit.

L’origine du nom, une histoire sans fin…

Plusieurs théories sont avancées, et il existe des variantes de noms entre les styles. Tout cela a de quoi intriguer les pratiquants, voire à entretenir de nouvelles interprétations.

  • D’autres interprétations basées sur l’approche énergétique chinoise et ses références numérologiques (je pense à un article à ce sujet 😊) circulent. Ainsi, les « six verrouillages » (ou scellements, sceaux selon les traductions) pourraient désigner le blocage des six points d’attaque de l’adversaire — mains/pieds, coudes/genoux, épaules/hanches (qui constituent les 3 harmonies externes des 6 harmonies ou 6 coordinations 六合). Les « Quatre Fermetures » signifieraient qu’en combat, les 4 portes doivent être fermées (la bouche doit rester fermée, le souffle retenu, les yeux et les oreilles dirigés vers l’intérieur, en direction du Dan Tian) afin d’atteindre un état d’attaque et de défense où l’intention et le Qi sont en harmonie.
  • D’autres théories reposent sur un nom issu d’une mésinterprétation (ou d’une interprétation) construite au fur et à mesure des transmissions, ce qui semble une hypothèse plausible pour un art millénaire issu d’une culture nationale, suscitant forcément des questions et spéculations chez les générations qui se succèdent.
    • Les premiers maîtres étaient probablement incapables de consigner leurs explications par écrit ou n’y voyaient pas d’intérêt. Les générations suivantes ayant besoin de pouvoir expliquer correctement les choses lors de leur enseignement et sans possibilité de s’adresser aux premiers maîtres, elles auraient alors créé des nouvelles explications, voire un nouveau sens au mouvement. Dans cette catégorie, certains pensent que liù fēng sì bì (六封四闭) est une mauvaise interprétation de Rú fēng sì bì (如封似闭). Cette hypothèse, qui a également du sens en raison des variations entre les dialectes, pourrait expliquer la différence des noms entre les styles. Quant à savoir quel est le sens originel, cela est désormais une affaire d’écoles de pensée…
    • Dans le taiji quan style Yang, c’est Rú fēng sì bì qui est utilisé. Il est traduit assez simplement par « fermeture apparente », ou de façon plus détaillée par « Comme pour sceller, comme pour fermer ». Rú 如 se traduit par « Comme », sì 似 par « être comparable à ». fēng 封 (« sceller, verrouiller ») et bì 闭 (« clore, fermer ») sont les mêmes caractères entre les deux interprétations.  Le mouvement n’est pas exécuté de la même façon entre les styles, malgré la présence d’un tirer et d’un pousser, d’une intention commune de se protéger d’une attaque et d’une intention globale de fermeture.
    • Le geste existait déjà à l’époque du fameux général Qī Jìguāng 戚继光 (1528–1588) de la dynastie des Ming. Il est cité dans son ‘manuel de boxe’ mais on ignore cependant son apparence exacte et son usage précis. Au chapitre 1, section 14, est décrit un mouvement appelé « technique de saisie » utilisé pour contrer un coup de pied direct reposant sur l’utilisation des mains et des bras pour bloquer le pied. Les quatre fermetures seraient quant à elles liées à une expression similaire à « quatre horizontaux/quatre directions horizontales » mentionnée dans le texte. L’expression liù fēng sì bì Six verrouillages et quatre fermetures proviendrait alors d’une adaptation linguistique des techniques originales décrites dans le ‘manuel de boxe’ de Qī Jìguāng.

Verrouillage ou fermeture ?

On a beaucoup évoqué précédemment les différences d’interprétation relatives à liù/rú (六如) et sì/sì (四似). Il semble y avoir une stabilité sur les termes fēng 封 et bì 闭. Mais qu’en est-il de la différence entre fēng 封 et bì 闭 ? Une fois traduits scellement et fermeture, qu’entend-on par là ?

Les traductions de fēng 封 dans les noms du mouvement sont tantôt scellement, sceaux ou verrouillage et bì 闭 tantôt fermeture ou serrage, ce qui peut expliquer des différences entre les écoles.  

Le terme fēng 封 « verrouillage » peut désigner des techniques de blocage ou de la famille des clés articulaires, qui empêchent l’adversaire d’agir (clé ou verrouillage consistant à établir un contact avec le centre de gravité de l’adversaire qui le conduit à ressentir une perte de flexibilité au niveau de plusieurs articulations).

Le terme bì 闭 « serrer » fait référence à la contraction des muscles, tendons, os, etc., désigne plutôt les techniques utilisées pour générer de la puissance ou d’autres mouvements, à partir de l’énergie emmagasinée ou stockée.

L’ensemble du mouvement repose donc d’abord sur une stratégie de restriction et de contrôle de la zone d’attaque de l’adversaire (verrouillage/sceau/scellement), tandis que « fermeture » ​​vise à bloquer et repousser.

A mon tour 🙂

Il ne s’agit pas ici de rajouter des couches aux théories, mais plutôt de conclure avec une simple observation, qui peut servir de moyen mnémotechnique (dans l’apprentissage des caractères, ou de la forme, peu importe…).

La graphie des caractères liù et sì n’est-elle pas proche des formes de corps de ce mouvement ? La posture de départ, ouverte, puis la fermeture avec les bras qui reviennent près du corps, pendant que les jambes assurent la base solide. Un caractère plutôt Yang puis un autre plutôt yin…


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