Chaque séance de Taichi chuan débute avec un salut, et se clôt avec un salut. De l’enseignant vers les élèves, des élèves vers l’enseignant. Dans les pratiques à deux, les partenaires se saluent également avant le contact, et après.
C’est un geste d’apparence aussi simple qu’une poignée de mains mais il revêt plusieurs significations, et peut différer selon les écoles.
Comment le pratique-t-on dans notre style/école ? Quels en sont les principes ? Quelle signification lui donner ou quelles symboliques lui rattacher ?
Comment saluer en Taichi chuan ?
- Se tenir droit, pieds joints
- Former le poing avec la main droite
- Etendre la paume gauche pour que les quatre doigts soient alignés, le pouce gauche étant légèrement plié (comme pour signifier un renoncement à ‘arrogance ou l’égocentrique).
- Recouvrir le poing droit avec la paume gauche
- Placer les deux mains devant la poitrine, sans lever les coudes. La zone dite « gueule du tigre » (Hǔkǒu 虎口) des deux mains est orientée vers le corps.
- Les mains ne sont pas collées au corps, il y a un mouvement général d’ouverture, depuis la structure, le centre vers l’extérieur.


A quoi sert le salut ?
Le geste du salut est avant tout un signe de respect, envers l’instructeur, entre les pairs et avec soi-même. Il permet de créer un lien :
- Avant de commencer un cours et à la fin d’un cours, le professeur et les élèves se saluent.
- Si des élèves doivent travailler ensemble, il se saluent.
Pratiqué ainsi comme un rituel, il symbolise une loyauté réciproque et marque une appartenance à un art, un style, une école.
Il permet également de marquer la transition entre la vie quotidienne et l’entraînement, et à chaque pratiquant de signifier qu’il se prépare avec sincérité à la concentration, au respect, et au travail. Il constitue également un moment de retour au calme après l’entraînement, et donc un signe de maîtrise de soi.
Quelle(s) symbolique(s) ?
Les saluts dans les pratiques énergétiques et martiales chinoises sont souvent porteuses de sens symboliques.
Le poing fermé dans la main ouverte peut être assimilé à un salut Yīn yáng 阴 阳, notion essentielle de la pensée philosophique chinoise : la main droite serrée en poing symbolise l’attaque, tandis que la main gauche, vertueuse et disciplinée, arrête l’attaque et symbolise l’autodiscipline et la retenue. Dans le registre de la bipolarité, différents symboles peuvent être trouvés dans le salut : force / faiblesse ; terre / ciel ; soleil / lune (la combinaison des deux conduisant à la clarté).
Il peut également renvoyer de façon plus élargie à la paire Wén Wǔ, symbolisant, dans le champ de la philosophie politique, l’interrelation entre la sphère civile, culturelle (le Wén 文 — culture, civilité, connaissance) et la sphère martiale (Wǔ 武 — martial, guerre, courage). Au niveau de l’individu, pratiquant d’un art martial, cela se transpose alors dans un principe de « force sous le contrôle de la sagesse », alliant la maîtrise de soi, l’ouverture à l’autre et la puissance.
La main gauche ouverte (où chaque doigt représente une qualité : la technique, l’intelligence du geste, le travail physique, les vertus martiales, et l’humilité par le pouce plié qui vise à « casser l’égo ») surplombe et protège le poing droit, visant à préserver la paix grâce à l’union des deux principes.
Le salut est donc un geste important en taichi chuan. Il fusionne les gestes avec la signification symbolique de la tradition chinoise. Il est appelé bào quán lǐ 抱拳礼, qui peut être traduit littéralement « Réunir (envelopper) » « Poing (martial) » « Cérémonie (Politesse) ».
Le salut aux ancêtres (du Taichi)
Maître Wang Haijun, tout comme son grand maître Chen Zhenglei, débute et clôture ses cours avec un « salut aux ancêtres », devant une bannière réunissant les portraits des figures majeures du Taichi chuan de la lignée Chen. Voir à ce sujet l’article Tàijí quán style Chén : de quoi parle-t-on ?
Ce salut vise à rendre hommage aux grands maîtres du taichi chuan à travers les générations (向历代太极拳先师行合掌礼。xiàng Lì dài tàiJí quán xián shī xíng hě zhǎng lǐ), avant de procéder au salut entre le maître et ses élèves, dans le lieu d’entraînement.
Laisser un commentaire